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Comment lire une fiche de paie

Comment (bien) lire sa fiche de paie ?

Salariés, prenez-vous le temps de décrypter ligne par ligne les montants inscrits sur votre fiche de paie, ou vous contentez-vous — comme la plupart d’entre nous — de zoomer sur les chiffres inscrits en bas à droite, ceux qui correspondent au revenu versé sur votre compte bancaire ? On ne vous blâme pas, mais saviez-vous que votre bulletin de salaire comporte des informations obligatoires essentielles pour vous ? Bien les connaître vous permettra de vérifier que tout est en ordre et de faire valoir vos droits, le cas échéant.

Ceux d’entre vous dont les fiches de paie s’étalaient sur plus de trois pages il y a quelques années s’en souviennent peut-être : la présentation globale des bulletins de salaire a été simplifiée en 2018 pour en faciliter la compréhension par les salariés, et la gestion par les entreprises.

Auparavant, la multiplication des intitulés, le manque d’harmonisation d’une structure à une autre et un nombre trop grand de lignes de chiffres rendaient l’ensemble quasiment illisible à l’extérieur du service RH.

Aujourd’hui, d’un emploi à un autre, la fiche de paie se structure de la même façon et reprend les mêmes types d’informations. Vous y retrouvez :

-       des informations vous concernant vous et votre poste dans l’entreprise

-       des informations sur votre employeur

-       le calcul détaillé du montant exact de votre salaire (salaire de base, primes, charges, cotisations, etc).

-       l’état de vos congés payés et autres « repos » prévus dans votre contrat (compte épargne temps, repos compensateurs, etc.)

-       les informations relatives au prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu

-       et enfin, ce qui vous intéresse le plus : votre salaire net, bien mis en évidence.

 

Le contenu d’une fiche de paie : quelques informations d’identité obligatoires

Les informations sur le salarié

Sur votre bulletin de salaire, vous devez retrouver vous concernant :

      votre identité, nom, prénom, adresse, votre numéro de sécurité sociale. Parfois, un numéro de matricule qui vous identifie dans l’entreprise.

      l’intitulé de votre emploi

      votre classification (ouvrier, agent de maîtrise, cadre, etc.).

      Un coefficient ou d’un niveau hiérarchique : ils correspondent à des informations que vous pouvez retrouver dans votre convention collective, et définissent, entre autres, votre niveau de salaire.

      le nom de la convention collective à laquelle vous êtes rattaché. Si vous ne dépendez d’aucune convention collective, votre fiche de paie fait référence au Code du travail. Ces informations sont importantes pour définir vos droits pour les congés payés, et la durée de votre préavis lorsque vous quittez l’entreprise.

      votre date d’entrée dans l’entreprise et votre ancienneté.

 

Les informations qui concernent l’employeur

Votre fiche de paie contient également des informations obligatoires sur votre employeur :

      le nom de l’entreprise

      son adresse

      son numéro de SIRET, un code qui sert à identifier l’entreprise

      un code appelé APE, ou NAF : c’est une série de chiffres qui identifie l’activité principale de l’entreprise.

 

Les informations relatives au salaire et aux charges

 

C’est généralement ici que les choses commencent à se compliquer quand on cherche à lire son bulletin de salaire dans le détail, mais pas de panique ! Voici les points essentiels auxquels vous devez être attentifs :

 Le salaire brut

Le salaire brut ne doit pas être confondu avec votre salaire net. Le salaire brut correspond au montant de votre rémunération mensuelle avant qu’on ne lui impute les charges salariales. Il se compose :

-       du salaire de base

-       des primes (y compris prime de congés, prime de naissance, etc.)

-       des heures supplémentaires éventuelles

-       de vos absences (période de congés payés, arrêt maladie, etc.) : si vous avez été en arrêt maladie, par exemple, une ligne apparaît sur votre bulletin de paie en dessous de votre salaire de base pour préciser la période et le montant des indemnités journalières (IJSS) perçues s’il y a lieu.

 

Le salaire de base correspond au salaire fixé dans votre contrat de travail. Cette ligne ne tient pas compte de vos primes ni de vos heures supplémentaires. Ce salaire de base est présenté sous la forme de :

      la durée de votre temps de travail, exprimée en heures travaillées. Pour un temps plein à 35 heures par semaine, cela correspond à 151,67 heures

      votre taux horaire, qui doit être supérieur au SMIC (10,15 euros brut).

 

Les primes et les heures supplémentaires doivent apparaître sous deux autres lignes, distinctes du salaire de base. Le nombre et le taux horaire des heures supplémentaires doivent également apparaître clairement sur votre bulletin de paie.

Les cotisations et les contributions sociales

Votre bulletin de salaire mentionne ensuite plusieurs types de cotisations et de contributions sociales. Celles qui sont payées directement par le salarié sont déduites de votre salaire brut. Votre fiche de paie mentionne aussi les cotisations payées directement par l’employeur.

 

Pour chaque cotisation, votre fiche de paie mentionne « l’assiette », c’est-à-dire le montant sur lequel le calcul se fonde, et le taux de la cotisation qui vous concerne.

 

Ces cotisations correspondent à des protections sociales et elles sont classées sur la fiche de paie par type de risque.

 

      « Santé », avec :

      les cotisations pour votre complémentaire santé (mutuelle), s’il y a lieu ;

      les cotisations pour la complémentaire incapacité invalidité décès, qui est facultative ;

      les cotisations « sécurité sociale » (payées par l’employeur uniquement), qui financent la prise en charge des frais de santé et vos indemnités journalières en cas d’arrêt maladie.

      « Accident du travail - Maladies professionnelles » (cotisation pour l’employeur uniquement). Le montant de la cotisation est calculé sur la base des salaires bruts de l’entreprise et d’un taux qui dépend de la taille et de l’activité de l’entreprise.

      « Retraite », avec :

      Sécurité sociale plafonnée, il s’agit d’une cotisation assise sur un salaire « plafond » fixé par la loi chaque année, et dont le taux est aussi fixé par la loi, pour financer la retraite de base ;

      sécurité sociale déplafonnée, il s’agit d’une cotisation assise cette fois sur le montant de votre propre salaire, pour financer la retraite de base ;

      complémentaire tranche 1 (ou tranche A), et parfois également, complémentaire tranche 2 (ou tranche B et C) et retraite supplémentaire : il s’agit de cotisations versées pour la ou les caisses de retraites complémentaires.

      « Famille », une cotisation versée uniquement par l’employeur et qui finance les allocations familiales.

      « Chômage », une cotisation versée uniquement par l’employeur et qui finance l’assurance chômage.

 

Votre employeur verse également d’autres contributions diverses, qui sont mentionnées à la ligne « autres contributions dues par l’employeur », elles correspondent à plusieurs cotisations comme le versement transport, la cotisation à la formation professionnelle continue, etc.

Deux cotisations particulières : CSG et CRDS

Enfin, parmi les contributions et cotisations, deux font souvent parler d’elles : la CSG et la CRDS.

La CSG, ou contribution sociale généralisée, sert à financer la protection sociale en France (assurance maladie, allocations familiales, fonds de solidarité vieillesse…). Une partie de la CSG est déductible de l’impôt et une autre partie ne l’est pas. La CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale), elle, est un impôt destiné à apurer la dette des organismes de sécurité sociale. Elle n’est pas non plus déductible.

À noter : comme une partie de ces deux cotisations ne sont pas déductibles des impôts, la CSG et la CRDS expliquent généralement une partie de l’écart entre votre salaire net, celui que vous touchez réellement, et le salaire net imposable, une notion fiscale sur laquelle se calcule le montant de vos impôts sur le revenu.

 

Les autres versements perçus et leur nature

La fiche de paie, enfin, fait apparaître le montant d’autres versements auxquels vous pouvez avoir droit en tant que salarié : la participation aux titres restaurants par exemple, ou un forfait dédié au télétravail le cas échéant.

 

Le salaire net

Enfin, et c’est la partie la plus évidente de votre bulletin de salaire, votre fiche de paie affiche votre salaire net, c’est-à-dire la somme que vous percevrez précisément sur votre compte et qui vous permettra d’élaborer votre budget mensuel. L’information se trouve généralement en bas à droite du document, bien mise en évidence.

 

Les informations sur le prélèvement à la source

Depuis janvier 2019, votre fiche de paie fait également apparaître les informations relatives au prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. Vous devez voir sur votre fiche de paie votre salaire net avant impôt sur le revenu. En dessous de cette ligne, dans un cadre à part, vous retrouvez la totalité des informations correspondant au prélèvement à la source. Vous y retrouvez : 

-       la base, qui sert d’assise au calcul de votre impôt, il s’agit de votre salaire net imposable ;

-       votre taux d’impôt sur le revenu, qui peut être « personnalisé », « individualisé » ou « neutre ». Ce taux s’actualise en septembre, en fonction de vos déclarations de revenus effectuées au printemps.

-       le montant prélevé directement sur votre salaire.

 

Les autres mentions obligatoires

Enfin, votre fiche de paie fait apparaître des informations sur l’état de vos congés payés et de tous les repos qui vous sont dus (repos compensateurs, compte épargne temps pour les salariés concernés). Cette information est obligatoire, et vous permet de savoir précisément combien de jours de congés il vous reste à prendre dans l’année - de quoi préparer sereinement vos prochains congés d’été.

 

Et pour finir, vous devez retrouver sur votre bulletin de salaire deux mentions obligatoires :

-       une information vous invitant à consulter le site service-public.fr pour toute précision sur les termes de votre bulletin de salaire

-       une information vous invitant à conserver votre bulletin de salaire sans limitation de durée. En effet, pour faire valoir vos droits, et notamment vos droits à la retraite, il est important de conserver la totalité de vos fiches de paie.

 

En conclusion : lisez bien toute votre fiche de paie !

Vous le voyez, votre fiche de salaire comporte beaucoup plus d’informations que votre seul salaire net : elle vous donne des informations importantes sur la composition exacte de votre rémunération, mais aussi sur vos droits sociaux. N’hésitez pas à l’étudier en détail chaque mois, à bien vérifier la présence de vos heures supplémentaires s’il y a lieu, ou d’une éventuelle indemnité en cas d’arrêt maladie. Si vous avez des questions ou des doutes, vous pouvez vous adresser à votre employeur. En cas de litige, rapprochez-vous d’un représentant du personnel, qui saura vous aiguiller.